T'AS CAPTÉ ? - ÉPISODE 21 - LA DESTRUCTION CRÉATRICE

Définition

La destruction créatrice représente un processus permanent de destructions d’activités économiques liées aux anciennes innovations et de créations de nouvelles activités qui les supplantent. La concurrence, le progrès technique et l’entrepreneur innovateur sont le moteur de ce modèle. Cela impacte la répartition sectorielle de l’emploi et sa géographie. C’est l’économiste Joseph Schumpeter qui a décrit ce processus dynamique dans son ouvrage de 1942 « Capitalisme, Socialisme et Démocratie ». 

Cycle économique, innovations et destruction créatrice

La concurrence entre les entreprises établies sur un marché et la possibilité d’arrivée de nouveaux concurrents favorisent l’apparition de nouvelles innovations (nouveaux produits, nouvelles méthodes de production, nouvelles organisations du travail, nouvelles matières premières, nouveaux débouchés), et non de simples inventions isolées, qui réduisent la rentabilité des innovations anciennes. Celles-ci deviennent obsolètes/dépassées et finissent par disparaître, faute de pouvoir s’adapter, conférant ainsi aux entrepreneurs innovateurs un pouvoir de marché voire une situation de monopole temporaire qui leur assure des profits importants. Destructions et créations vont ainsi de pair et engendrent la croissance économique et le renouvellement permanent des structures de production.

De ce fait, dans ce modèle, le processus de destruction créatrice, via l’innovation, se trouve à l’origine des fluctuations économiques sous forme de cycles :

Dans un premier temps, la destruction créatrice engendre un processus de reconversions et de disparitions des activités économiques qui se traduisent par une disparition des emplois concernés. Si la destruction des activités anciennes est plus forte que la création d’activités nouvelles, elle conduit à la « dépression » (point d’inflexion B).

Le mouvement commence à s’inverser au début de la phase d’expansion (point d’inflexion A) quand les nouvelles innovations se diffusent. Les créations d’activités et d’emplois repartent et deviennent plus fortes que les destructions. Le crédit bancaire et les levées de fonds sur les marchés financiers facilitent par ailleurs la diffusion des nouvelles innovations.
De cette manière, la croissance économique est assurée car la demande – et donc la production – pour ce type de biens est forte. Le processus de « destruction créatrice » engendre ainsi une phase de recul de l’activité économique pour ensuite produire ses fruits dans la phase dite « d’expansion ».

Les mutations économiques sont d’autant plus profondes et la phase de croissance est d’autant plus longue qu’une innovation n’arrive jamais seule. Après une innovation de rupture, d’autres innovations apparaissent par « grappes » portées par la découverte initiale. Elles sont elles-mêmes porteuses de bouleversements, de création puis de destruction d’activités, même si ces bouleversements sont parfois moins visibles. Ainsi, la découverte de l’électromagnétisme au XIXe siècle a joué le rôle d’innovation de rupture et le moteur électrique puis plus tard l’ampoule à incandescence celui des grappes d’innovation.

Exemple

On pourrait décrire la période des Trente glorieuses comme le reflet de la phase d’expansion du processus de destruction créatrice, la forte croissance des années 1945 à 1975 s’expliquant notamment par :

 - des innovations fondamentales (généralisation du travail à la chaîne et processus industriels de fabrication automatisés, progrès techniques dans l’aéronautique et le spatial aux Etats-Unis), l’apparition de nouveaux biens de consommation (électroménager notamment) ou encore de nouveaux débouchés (essor du commerce mondial) ;

- un mode de développement fondé sur d’importants gains de productivité générant une production de masse et un partage de la valeur ajoutée favorable aux salariés, deux phénomènes à l’origine de la consommation de masse (croissance fordiste) ;

Dans le cadre de ce modèle on pourrait souligner que ces moteurs seraient en panne depuis le milieu des années 1970 (crise du fordisme, ralentissement de la productivité, saturation de la demande dans les pays occidentaux) et qu’aucune innovation majeure n’aurait réussi à les remplacer. Surviendrait alors la phase de dépression avec le ralentissement de la croissance et le développement du chômage.  

La future phase de croissance reposerait alors sur une nouvelle vague d’innovations venant des technologies du numérique (internet, NTIC, GAFAM) mais aussi les biotechnologies, les modes de production énergétiques décarbonés et l’intelligence artificielle. Toutefois, toutes ces innovations ne se sont pas encore traduites par des hausses de la productivité et par des taux de croissance élevés.