Les billets français se caractérisent, notamment, par une conception très artistique, le billet étant élaboré à partir d’un tableau et se présentant comme un tableau. Pour la création de ses billets, la Banque de France a donc fait appel à de nombreux artistes. Lucien Jonas fut l’un d’entre eux.
Né en 1880, Prix de Rome en 1905, nommé peintre officiel de la marine en 1916, Lucien Jonas est un artiste expérimenté lorsque la Banque de France fait appel à lui, en 1933, pour la réalisation des maquettes de ses billets.
À cette date, son œuvre était déjà abondante et diversifiée. Ses premières compositions, au style très réaliste, sont inspirées par des scènes de la vie des travailleurs, notamment dans les mines du Nord de la France dont il est originaire. Il fait, par ailleurs, de nombreux portraits, aussi bien officiels (Pershing en 1917 – tableau actuellement au Metropolitan Museum de New York –, Foch, par exemple) que privés. Il réalise de grands décors muraux, dans le Nord (par exemple à Valenciennes : plafond de la Chambre de commerce, hôtel de ville) et à Paris (maison des Centraux). Illustrateur de beaux ouvrages, peintre de scènes intimistes comme de paysages, Lucien Jonas est, en 1933, à 53 ans, un artiste au talent reconnu.
Cette année-là, la Banque de France décide d’abandonner les thèmes allégoriques illustrant ses billets et d’en réduire la taille. Elle recourt à Lucien Jonas qui dessine alors plusieurs des projets de billets français des six dernières années de la IIIème République, de la période de l’Occupation et des premiers mois du Gouvernement provisoire du Général De Gaulle. Ses dons de portraitiste transparaissent dans les dessins des billets consacrés aux hommes illustres :
- le 100 francs Sully (créé en mai 1939 et émis en 1940),
- le 50 francs Jacques Cœur (créé en juin 1940 et émis en 1941),
- ou le 100 francs Descartes (créé en mai 1942 et émis en 1944).
Il utilise aussi son expérience du traitement des thèmes réalistes et du portrait des hommes et des femmes au travail dans la réalisation de deux billets consacrés aux métiers:
- le billet de 10 francs, avec un mineur de fond et une paysanne (créé en septembre 1941 et émis en 1943),
- celui de 20 francs avec un pêcheur (créé en février 1942 et émis fin 1942).
A la Libération, certains de ses billets (les plus grosses coupures, de 100 et 50 francs) furent retirés de la circulation lors de la grande opération d’échange de juin 1945. Ses plus petites coupures restèrent en circulation jusqu’en 1963.
Parallèlement à son travail pour les billets de la Banque de France, Lucien Jonas continue, jusqu’à sa mort en 1947, à peindre des tableaux, notamment des portraits de militaires. Ainsi, en 1944, il fit le portrait des généraux Koenig, de Larminat et de Lattre de Tassigny (les deux premiers figurent dans la collection du Musée de l’ordre de la Libération).
En 2012, le petit-fils de Lucien Jonas, Jean-Claude Jonas, a fait don à la Banque de France de très nombreux croquis et documents préparatoires à la réalisation de ces billets. Dans le prolongement de ce don, une exposition présentait la contribution de Lucien Jonas à l’art français du billet et donnait à voir des œuvres dont la majeure partie n’avait jamais encore été montrée au public (Banque de France, jusqu’au 4 juillet 2013).
Pour plus d’informations (et pour visualiser de nombreuses œuvres de L. Jonas) : Banque de France: Projets du peintre Lucien Jonas pour les billets de la Banque de France
Publié le 02 juillet 2013. Mis à jour le 27 Février 2024