Trois critères définissent le travail domestique : être productif, non rémunéré et pouvoir être confié à autrui. L'Insee évalue la quantité de travail domestique des Français à partir des enquêtes « Emploi du temps » qui ont lieu tous les dix ans depuis 1966.La dernière enquête a eu lieu entre septembre 2009 et décembre 2010. L’enquête se déroule sur une longue période afin que les jours enquêtés soient représentatifs d’une année entière, les activités changeant avec les saisons. En 2010, 16 242 personnes de 11 ans et plus ont rempli des carnets dans lequel elles décrivent une journée, en notant toutes leurs activités d’une durée supérieure à cinq minutes, dans leurs propres mots. Le recours au carnet évite les difficultés de mémoire, puisque le carnet est rempli au fur et à mesure. Une étude a montré que cette méthode augmentait l’estimation du temps domestique de 55% par rapport à une évaluation par l’enquêté lui-même de son temps domestique. Ces carnets sont ensuite codés par l’Insee dans une nomenclature détaillée en 140 postes. Le présent module a regroupé les 140 postes en 14 activités principales. Le module valorise en euros chacune de ces 14 activités à partir du coût moyen d’un salarié effectuant cette activité : salaire net plus les cotisations salariales et patronales. Le module a utilisé les données issues des Déclarations annuelles de données sociales (DADS) disponibles début 2013.
L. Ricroch et B. Roumier « Depuis 11 ans, moins de tâches ménagères, plus d’Internet », Insee Première N°1377 - novembre 2011
D. Roy, « Le travail domestique : 60 milliards d’heures en 2010 », Insee Première n°1423 - novembre 2012
Alors que le nombre d’heures consacrées au total du travail domestique et du travail professionnel est proche entre hommes et femmes, les femmes réalisent toujours la majorité des tâches domestiques : elles y passent presque deux fois plus de temps que les hommes. L’écart avec les hommes se réduit toutefois lentement : le temps que les hommes consacrent aux tâches domestiques, 2h20 par jour, n’a pas changé en vingt-cinq ans, mais celui des femmes s’est réduit d’une heure sur la même période, passant de cinq heures à quatre heures par jour aujourd’hui. Au sein des tâches domestiques, ce sont les tâches ménagères (ménage, cuisine, linge), pour lesquelles les différences entre femmes et hommes sont les plus grandes. Toutefois, ces différences sont celles qui ont le plus diminué. En revanche, une activité à laquelle on consacre de plus en plus de temps consiste à s’occuper des enfants. Les pères s’occupent de leurs enfants en moyenne neuf minutes de plus par jour qu’il y a dix ans, et les mères aussi !
Ricroch L., « En 25 ans, moins de tâches domestiques pour les femmes, l'écart de situation avec les hommes se réduit », Insee Références, Femmes et hommes - Regards sur la parité, édition 2012
En moyenne, on consacre cinquante minutes par semaine à des activités domestiques pour aider des personnes avec lesquelles on n’habite pas : aide à des membres de la famille, à des amis, ou en tant que bénévole dans une association. Ces activités ne représentent qu’une petite partie du travail domestique total (4%) mais varient très fortement selon l’âge qu’on a. Le temps que l’on consacre à des tâches domestiques pour aider des personnes extérieures au foyer est croissant avec l’âge, jusqu’à 70 ans : dix minutes par semaine environ pour les 11-19 ans, entre une demi-heure et une heure entre 20 et 50 ans, et presque deux heures entre 60 et 69 ans : le début de l’âge de la retraite correspond à un pic du temps consacré à des tâches domestiques pour autrui. Il s’agit par exemple de jeunes grands-parents assurant la garde de leurs petits-enfants tandis que leurs enfants travaillent, ou de jeunes retraités mettant à contribution leurs compétences professionnelles dans un cadre associatif (soutien scolaire…). On observe ce pic aussi bien pour les femmes de 60 à 69 ans que pour les hommes de cette tranche d’âge.
Roy D., « La contribution du travail domestique non marchand au bien-être matériel des ménages : une quantification à partir de l’enquête Emploi du Temps », Document de travail n° F1104, Insee, 2011
En France, les jeunes de 11 à 25 ans vivant avec leurs parents réalisent peu de tâches domestiques : 8 heures par semaine en moyenne soit trois fois moins que leurs parents. Mais parmi eux, les filles en font déjà plus que les garçons : dix heures hebdomadaires pour les filles contre sept pour les garçons ! Ces chiffres sont les mêmes pour les jeunes vivant avec leurs deux parents ou dans une famille monoparentale. Les jeunes vivant seuls n’en font pas beaucoup plus, avec seulement neuf heures par semaine de tâches domestiques. Les différences entre filles et garçons sont surtout flagrantes pour la cuisine : parmi tous les jeunes de 11 à 25 ans, les filles y passent un quart d’heure par jour contre à peine cinq minutes pour les garçons. Les filles font également davantage de ménage et de rangement (quinze minutes contre dix), et passent plus de temps à faire des courses (dix-huit minutes par jour contre neuf). Les stéréotypes ne sont pas vraiment en voie de disparition.
Roy D., « Le travail domestique : 60 milliards d’heures en 2010 », Insee Première n°1423 - novembre 2012.
En Italie, les hommes passent 1h43 par jour aux tâches domestiques, beaucoup moins que les hommes vivant en France (2h20), et trois fois moins que les Italiennes : 5h26. C’est l’un des pays où l’écart entre les hommes et les femmes est le plus grand (il est de 1h25 en France). Les Italiennes sont moins présentes sur le marché du travail : parmi les 15-64 ans, la moitié seulement est active alors que c’est le cas de deux tiers des Françaises et de trois quarts des Italiens. Ainsi en moyenne, une Italienne consacre deux fois moins de temps à du travail rémunéré qu’un Italien (2h30 par jour contre 5h). Pourtant, bien qu’elles travaillent moins à l’extérieur, leur temps de loisirs n’est pas plus important car elles réalisent un grand nombre d’heures de tâches domestiques : les Italiens disposent chaque jour de 80 minutes de loisirs de plus qu’elles. Autre spécificité italienne : les Italiens de 50 à 75 ans réalisent beaucoup plus de tâches domestiques que les personnes du même âge dans d’autres pays : 5h35 par jour, contre 4h30 aux Etats-Unis, et 4h15 en France. Ils font en particulier beaucoup la cuisine : 79 minutes par jour contre 65 en France et 35 aux États-Unis, et beaucoup le ménage : 1h20 par jour contre 1h en France et 3/4h aux États-Unis.
A. Alesina et A. Ichino (2009), « L'Italia fatta in casa. Indagine sulla vera ricchezza degli italiani », 154 p., Mondadori
En France, on passe 49 minutes par jour pour du travail domestique lié aux repas : cuisiner, mettre la table, débarrasser, faire la vaisselle. C’est un chiffre très proche de la moyenne des pays de l’OCDE (pays industrialisés) : 52 minutes. En Italie, on y passait un peu plus de temps, une heure par jour exactement. Les États-Unis sont le pays où cette durée est la plus faible : 30 minutes par jour seulement. Si l’on tire un jour au hasard dans l’année, seulement la moitié des Américains aura cuisiné ce jour là, contre presque les deux tiers en France. Les États-Unis sont aussi l’un des pays dont les habitants passent le moins de temps à manger : 1h14 par jour, soit une heure de moins qu’en France (2h13) ! En Italie, on passe quotidiennement vingt minutes de moins à boire et manger qu’en France, mais encore quarante minutes de plus qu’aux États-Unis : 1h54.
OCDE (2011), Panorama de la société 2011 - « Les indicateurs sociaux de l'OCDE »