1372

Création, en France, de la première société par actions

Ce 17 juin 1952, Germain Sicard fait sensation : il démontre magistralement lors de sa soutenance de thèse à l’Université de droit de Toulouse, que c’est dans la ville rose que fut créée la première société par actions, et non en Lombardie, région du Nord de l’Italie d’où sont originaires les premiers banquiers du moyen-âge, ni même à Londres ou à Amsterdam. Et qui plus est en 1372, à une période où l’activité économique était principalement régie par les autorités publiques royale, ecclésiastique, seigneuriale ou communale !

Cela fait alors trois siècles que des moulins à eau se sont installés à Toulouse, sur le Bazacle, un seuil naturel de la Garonne permettant de profiter de l’énergie hydraulique générée grâce à son dénivelé.

Mais la construction, l’entretien et les remises en état des « chaussées » aménagées sur le Bazacle pour tirer le meilleur parti de la force hydraulique coutent chers, contraignants les meuniers à s’associer dans des sociétés communes, d’abord pour partager cette charge financière puis pour gérer les moulins. Mais bien vite, des meuniers à court d’argent cèdent leurs parts à des notables de Toulouse qui y voient un bon investissement car à l’époque, les moulins sont des pièces centrales de l’activité économique et génèrent des bénéfices importants.

En 1372, les propriétaires des moulins de Bazacle signent la charte de création de la Société des moulins du Bazacle, donnant ainsi naissance à la première société par actions : les 96 parts sont librement cessibles au prix du marché, la responsabilité des actionnaires se limite à la hauteur de leur participation, les bénéfices sont en majeure partie reversés aux actionnaires et l’assemblée annuelle approuve les comptes, vote les décisions importantes et élit un conseil d’administration qui désigne en son sein le dirigeant.

La société a traversé les siècles même si les moulins se sont transformés en centrale hydroélectrique en 1888 et qu’elle est finalement nationalisée en 1946. Mais c’est bien sur les bords de la Garonne, et non de la Tamise, que ce mécanisme essentiel du capitalisme a vu le jour.